Ma première approche de l’alchimie taoïste date du début des années 70 avec la lecture de la traduction française du Traité de la Fleur d’Or. Bien que C.G Yung, le psychiatre zurichois en signant le commentaire en fit une étape.vers l’aspiration moderne à la conscience totale , les méthodes décrites étaient bien sûr hors de la portée du traducteur : le missionnaire protestant Richard Wilhem. Ce ne fut que dix ans plus tard que je découvrit, à Taïpeh sous les directives de mon tuteur taoïste Yié Tsaï Yang que l’alchimie interne ou Neidan impliquait en fait le corps, l’énergie et l’est (Jing-Qi-Shen) et qu’il s’agissait d’une forme évoluée de ce que l’on nomme aujourd’hui le Qigong !
Le Qi
Au centre de ce processus de transformation se trouve le Qi. L’ermite et alchimiste taoïste Ge Hong précise :
L’homme est né au beau milieu du Qi, le Qi est dans l’homme. Le ciel, la terre, toutes les choses — il n’y a rien qui ne doive son existence au Qi.
Pour les taoïstes, ce Qi a une autre fonction, celle de relier la conscience et la matière par l’intermédiaire des sensations subtiles. En somme il peut être considéré comme un réceptacle de l’intelligence et peut ainsi répondre à la conscience. Le Qi peut aussi se laisser guider inconsciemment par des influx dénués de volition. Peut-être s’agit-il de la clé des maladies d’origine psychosomatiques.
Le Qi doit donc passer par le processus de la transformation alchimique pour être purifié. De plus, les canaux eux-mêmes, les méridiens du Qi, ne doivent pas constituer un obstacle à sa libre circulation. Nous saisissons ici l’importance, pour les taoïstes, de certains exercices (Daoyin, Qigong) permettant d’apprivoiser progressivement ce Qi qui se trouve à l’origine sous la forme d’un animal sauvage prêt à réagir anarchiquement à la moindre émotion.
Le Dantian
Lorsque les taoïstes désignent le Dantian au singulier, il s’agit du centre situé en plein milieu du corps, à trois travers de pouce sous le nombril. Si nous observons les traces des canaux d’énergie de la médecine chinoise, et particulièrement ceux des huit canaux extraordinaires, on constate que l’un d’entre eux semble ne pas avoir de point sur la peau et circule au beau milieu du corps. Ce canal se nomme le Chong Mai ou vaisseau des hostilités dont les taoïstes décrivent un trajet légèrement différent de celui des acupuncteurs.
D’un point de vue anatomique, il est évident que ce canal ne correspond à aucun système organique précis. Si nous nous tournons vers d’autres enseignements traditionnels asiatiques, nous constatons que ce canal central est présent dans tous les textes classiques. Du point de vue taoïste, il est le support des trois principaux Dantian. Il est donc pratiqué fréquemment dans les méthodes de conduite de l’énergie et la méditation. Les taoïstes considèrent que ce canal devrait être parfaitement droit et lumineux, si notre conscience était au summum de ses capacités et de son harmonie. Malheureusement, ils considèrent aussi que le commun des mortels est affligé de blocages structurels le long de ce canal qui se reflètent à la fois sur le plan physique et sur le plan psychologique.
• Le Dantian du ventre ou Xia Dantian est donc bien situé au milieu du ventre, prenant appui sur ce canal. C’est le lieu où l’adepte pratique la culture du Jing ou essence vitale ancestrale.
• Le Dantian médian est situé au milieu de la poitrine, à l’horizontale du point Shan Zhong. Certaines écoles taoïstes situent ici le lieu de développement du Qi. Ce champ d’énergie est aussi considéré comme le lieu de rencontre du Yin et du Yang, le lieu d’union du Ciel et de la Terre. Le Qi possède les deux qualités Yin et Yang : il peut descendre ou monter, sortir ou rentrer.
• Le champ de l’élixir supérieur est situé au milieu du crâne au niveau point Yintang ; c’est là que l’adepte cultive l’énergie spirituelle issue du Shen.
Le travail préliminaire de l’alchimie du Tao consiste à nourrir et développer ces centres d’énergie subtile.
Une description taoïste traditionnelle explique le lien entre ces trois champs d’énergie :
La conscience tourne comme une roue au ventre, à la poitrine et dans la tête. L’axe de connexion est le vide parfait. Sans un axe parfaitement libre de mouvement et sans obstruction, le Qi ne peut circuler.
La voie alchimique se divise en quatre étapes fondamentales dont la première se distingue par son effet sur le maintien de la santé.
À Suivre…